Les drones – amis ou ennemis?

Les drones ne font pas seulement le bonheur des passionnés de photographie, ils peuvent également fournir une aide précieuse, par exemple pour arpenter une parcelle, rechercher des personnes ensevelies ou encore transporter des produits sanguins. Les premiers taxis-drones sont déjà en service et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne deviennent la norme.


Cependant, les drones ont également un côté plus obscur. Les drones dits «non coopératifs», c’est-à-dire ceux qui causent des dommages, représentent un réel danger. Les dommages peuvent être délibérés ou accidentels. Dans les deux cas, il existe de nombreux exemples: en 2019, un drone a paralysé la totalité du trafic aérien de l’aéroport de Gatwick, à Londres. Les dommages financiers ont été considérables, puisque l’attaque a coûté aux compagnies aériennes quelque 50 millions de livres sterling. Les drones non coopératifs sont également utilisés pour faire passer des marchandises interdites, par exemple de la drogue, par-delà les frontières nationales ou dans les prisons, ainsi que pour l’espionnage industriel ou à des fins terroristes.Parfois, il arrive aussi qu’un drone devienne un danger en raison de l’imprudence du pilote: les collisions entre des parapentes ou de petits avions et des drones ne sont pas rares. Même au sol, vous n’êtes pas à l’abri: les caméras ont enregistré comment un drone en chute libre a manqué de peu le coureur de ski Marcel Hirscher. À cela, il convient d’ajouter le filmage non autorisé de personnes, le survol de propriétés privées ou le contournement des droits d’auteur, par exemple en filmant un concert en plein air.En somme, de nombreux pilotes de drones ne sont pas suffisamment informés des lois applicables. En effet, même si elles sont plus libérales que dans l’espace de l’UE, celles-ci existent aussi en Suisse.

Échec de l’adoption de la législation de l’UE en Suisse

En 2021, l’UE a introduit une nouvelle réglementation sur les drones. Depuis lors, les pilotes de drones doivent enregistrer leurs appareils. Cette mesure levant l’anonymat vise à éviter les manœuvres de vol dangereuses. En outre, les pilotes de drones doivent passer un examen. Pour les petits modèles, une formation en ligne est suffisante, mais pour les plus grands modèles, un brevet de télépilotage est nécessaire. Initialement, la Suisse voulait emboîter le pas à l’UE. Cependant, étant donné que cette législation aurait également concerné l’aéromodélisme, une motion a été déposée – et adoptée. C’est pourquoi l’ancienne législation reste en vigueur dans notre pays.

Cette situation a des répercussions positives, mais aussi négatives: d’une part, la Suisse est devenue un eldorado de l’innovation pour les drones et attire de nombreuses start-ups. D’autre part, la réglementation plus laxiste conduit à ce que chacun fasse ce qu’il veut, ce qui entraîne inévitablement des problèmes. Key Account ManagerDanny Schmid, Key Account Manager en Drone Defence chez Swisscom Broadcast, pose la question sans détours:

«Supposons qu’il existe des règles de circulation, mais qu’il n’y ait pas d’agents de la circulation ou de radars pour les faire respecter. Dans quelle mesure vous conformeriez-vous à la loi?»

Danny Schmid, Key Account Manager Dronedefence chez Swisscom Broadcast

Bien entendu, un certain nombre de règles contraignantes s’appliquent également en Suisse: les vols à moins de cinq kilomètres d’une piste d’atterrissage sont interdits. Les grands aéroports tels que Zurich, Berne et Genève disposent en outre d’une zone de contrôle. Ces dernières couvrent également le périmètre des grandes villes. Par ailleurs, il est interdit de filmer ou de photographier des personnes sans leur consentement, car cela constitue une violation de la loi fédérale sur la protection des données. Mais comme l’a relevé Danny Schmid, les permis de conduire, les agents de circulation et les radars font défaut. C’est pourquoi les pilotes de drones enfreignent fréquemment les règles – consciemment ou non.

Drone en vol

Marge de manœuvre limitée pour les particuliers

En tant que particulier, il est difficile de se défendre contre une agression par un pilote de drone. Si l’on se fait filmer par un drone pendant que l’on prend tranquillement son petit-déjeuner sur la terrasse, on ne peut guère faire plus qu’appeler la police. Mais le temps que celle-ci arrive sur les lieux, le drone aura disparu depuis longtemps. «En tant que particulier, on ne dispose que de très peu de marge de manœuvre», explique Danny Schmid. «En cas de récidive, il peut être utile de prendre une photo du drone et de noter l’heure et le lieu exacts. Ainsi, la police disposera au moins d’un indice concret.»

Se servir de son assiette en guise de frisbee pour faire chuter le drone est toutefois interdit. Après tout, il s’agit d’un bien privé et une attaque contre le drone serait donc assimilée à un dommage à la propriété. Là aussi, Danny Schmid fait un parallèle avec le trafic routier: «Si un inconnu gare sa voiture sur ma place de parking, je n’ai pas non plus le droit de rayer sa carrosserie. Je suis seulement autorisé à appeler la fourrière.» Plutôt que de riposter, il vaut donc mieux téléphoner.

Détection – Identification – Contre-mesures

Si les survols de drones constituent une nuisance pour les particuliers, ils entraînent rarement des conséquences graves. Il n’en va pas de même pour les entreprises. Les drones peuvent, par exemple, être équipés de micros et de caméras et servir de dispositifs d’espionnage. L’espionnage industriel est une activité lucrative – il vaut mieux s’en protéger. «Les différents systèmes de défense contre les drones que l’on trouve sur le marché fonctionnent tous selon le même principe: détection, identification et contre-mesures», explique Danny Schmid.

Exemple: un système de défense contre les drones détecte l’intrusion d’un drone et l’identifie grâce à des caméras, des radars et des dispositifs d’intelligence artificielle. Si le drone est classé comme non coopératif, une alerte est déclenchée. Selon sa configuration, le système de défense peut aussi déclencher automatiquement des mesures telles que l’obscurcissement des fenêtres. Ces systèmes de défense deviennent de plus en plus importants, notamment pour les zones très étendues. En effet, on ne peut pas demander à un agent de sécurité de scruter le ciel à longueur de journée et de savoir identifier chaque drone. La couverture systématique de l’espace aérien est notamment essentielle pour les prisons ou les aéroports. C’est pourquoi ces derniers ont de plus en plus recours à des systèmes professionnels de détection des drones.

Les contre-mesures actives, c’est-à-dire visant à perturber le vol du drone, ne constituent toujours que la troisième étape. Comme dans le cas d’un stationnement gênant, seules les autorités compétentes sont autorisées à prendre des mesures concrètes à l’encontre des drones. Elles peuvent par exemple utiliser un brouilleur pour interférer avec les signaux radio du drone et le forcer à atterrir. Les canons à filet ou le fait de percuter un drone avec un autre drone font également partie des moyens utilisables par la police ou les gardes-frontières.

Quel système est le meilleur?

«Les fabricants rivalisent pour créer la meilleure solution de défense contre les drones», explique Danny Schmid. «Pour l’instant, il n’y a pas de vainqueur en vue. Les diverses technologies présentent différents avantages et inconvénients – selon la situation, on optera plutôt pour un filet de capture ou pour un brouilleur.» Selon M. Schmid, les choses seront encore amenées à évoluer au cours des années à venir. En tant qu’entreprise, il est néanmoins avisé de s’intéresser à la question dès aujourd’hui. «Avec Drone Spotter, Swisscom Broadcast propose un système global permettant la détection, l’identification et le déclenchement de contre-mesures. Son grand avantage est sa modularité, qui lui permet de s’adapter aux besoins des clients.» Qu’un client souhaite simplement obtenir une vue d’ensemble des vols de drones dans ses environs, que des mesures de protection doivent automatiquement être déclenchées ou qu’il convienne de faire appel aux autorités compétentes, Drone Spotter couvre toutes les éventualités. «Nous travaillons délibérément avec plusieurs fabricants. Cela nous donne, à nous-mêmes ainsi qu’à nos clients, la liberté de toujours pouvoir profiter des dernières évolutions technologiques.»

*Version actualisée d’un article du Magazine Swisscom

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Olivier Anthamatten

Olivier Anthamatten

Head of Business Development

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