Que ce soit dans l’industrie, la logistique ou l’énergie, l’Internet des objets transforme les processus et les modèles commerciaux. Une étude récente de MSM Research montre où en sont les entreprises suisses. Dans cet entretien, Felix Wunderer, responsable IoT chez Swisscom, présente des exemples pratiques, les tendances et les opportunités liées à l’Internet des objets (IoT).
01 Octobre 2025, Texte: Saskia Wyss, Image: Swisscom 4 min
Une étude récente de MSM Research examine comment les entreprises suisses évaluent le potentiel de l’Internet des objets (IoT), comment elles utilisent cette technologie et quels défis elles doivent relever.
Voici un résumé des principaux enseignements:
Que signifient ces évolutions pour les entreprises suisses et comment transposer ces résultats dans la pratique? Felix Wunderer, responsable IoT et B2B Mobile chez Swisscom, partage son regard sur les tendances actuelles.
Aujourd’hui, je vois quatre grandes tendances pour les entreprises suisses.
Premièrement, la cybersécurité globale: les entreprises doivent concevoir et mettre en œuvre des concepts de sécurité de bout en bout, des terminaux aux plateformes IoT en passant par les canaux de transmission. Les solutions basées sur le réseau telles que beem aident les entreprises à détecter les menaces à un stade précoce et à les repousser de manière ciblée, y compris dans le contexte de l’IoT.
Deuxièmement, l’intelligence artificielle: la combinaison de l’IoT avec l’intelligence artificielle – souvent appelée AIoT – offre aux entreprises suisses de nouvelles possibilités pour traiter intelligemment les données qu’elles collectent. L’apprentissage automatique est déjà largement utilisé, par exemple pour réaliser les opérations de maintenance prédictive. La mise en corrélation de différentes sources de données à l’aide de modèles d’IA puissants permet d’effectuer des évaluations de données plus précises, d’en tirer des conclusions de manière autonome et de les traduire en actions concrètes.
Troisièmement, le développement de la norme 5G: la norme 5G évolue actuellement vers la 5G Standalone (5G SA), une infrastructure 5G indépendante dans le réseau central qui ne dépend plus des anciennes générations de réseaux. De nouvelles technologies de transmission telles que RedCap (Reduced Capability), une évolution du NB-IoT (Narrowband IoT), permettent une transmission de données particulièrement économe en énergie et en ressources. Swisscom prévoit également de déployer la 5G Standalone et d’utiliser RedCap de manière ciblée pour des scénarios IoT.
Quatrièmement, le network slicing: Avec la 5G SA, le network slicing dynamique devient possible. Celui-ci permet de créer différentes classes de qualité au sein du réseau. Ainsi, les entreprises peuvent par exemple hiérarchiser et sécuriser individuellement les applications présentant des exigences plus élevées en matière de bande passante et de latence, telles que les systèmes critiques pour l’entreprise.
L’importance de la sécurité IoT ne cesse de croître, car les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes et de nouvelles directives telles que NIS-2 imposent des exigences plus strictes en matière de surveillance et de signalement. Cela concerne tout particulièrement des secteurs comme l’énergie, le transport ou, plus généralement, les infrastructures critiques. Par ailleurs, de nombreux clients finaux exigent désormais le respect de ces réglementations.
D’un point de vue technique, il existe aujourd’hui des moyens innovants pour répondre à ces exigences. Swisscom, par exemple, permet aux entreprises de détecter et de contrer rapidement les menaces grâce à des outils avancés. De plus, les solutions modernes de cybersécurité sont plus faciles à mettre en œuvre pour les entreprises, car elles sont fournies sur le réseau et ne nécessitent pas de connaissances approfondies en matière de sécurité.
Surveillance du trafic IP dans les voitures ou les pompes à chaleur connectées:
Les voitures sont de plus en plus connectées et doivent parfois même pouvoir être contrôlées à distance sans interruption, comme dans le cas de la conduite autonome. Les pompes à chaleur connectées, qui sont surveillées et régulées à distance, en sont un autre exemple. Dans les deux cas, le trafic IP peut être surveillé et analysé, et la solution de cybersécurité détecte en temps réel si le trafic de données est réellement acheminé vers la bonne plateforme IoT et non détourné par un tiers. Ainsi, les dangers potentiels peuvent être détectés immédiatement et les alarmes correspondantes déclenchées.
Dans l’association de l’IoT à l’intelligence artificielle, l’IA agit comme catalyseur et facilitateur de l’Internet des objets. Dans ce contexte, l’Edge Computing prend une importance croissante: la puissance de calcul est de plus en plus fournie de manière décentralisée sur les appareils IoT eux-mêmes, plutôt que dans un centre de calcul centralisé.
Cette approche permet un traitement des données plus rapide et plus économe en ressources, directement là où elles sont générées. Pour des applications telles que le traitement d’images, cela signifie que des décisions peuvent être prises quasiment en temps réel. L’IA, l’IoT et l’Edge Computing forment donc un trio particulièrement prometteur.
Exemple: Traitement d’images dans la construction ferroviaire
Sur un chantier ferroviaire, des caméras peuvent être utilisées pour surveiller la proximité du personnel avec les voies ou les trains. Les systèmes basés sur l’IA détectent les situations potentiellement dangereuses en temps réel, déclenchent automatiquement des alarmes et, si le système est connecté, peuvent même déclencher le freinage d’urgence d’un train à l’approche. Cela permet non seulement d’accroître considérablement la sécurité, mais aussi de réduire les risques liés à l’erreur humaine.
Exemple: Traitement d’images dans la production textile
Dans la production textile moderne, des capteurs optiques sont employés pour surveiller et ajuster les motifs de tricot en temps réel. Cette technologie garantit une précision maximale – un atout décisif pour les applications haute performance telles que la fabrication de tissus industriels pour l’aviation ou l’aérospatiale.
L’Internet des objets peut devenir un pilier essentiel de la stratégie de numérisation des entreprises suisses. Mais pour qu’il s’intègre de manière pertinente, celles-ci devront toujours se poser la question du business case. Lors de sa mise en œuvre, l’IoT ne doit jamais être considéré de manière isolée. Les processus doivent toujours être réfléchis et adaptés, et les collaborateurs et collaboratrices formés. J’encourage les décideurs et décideuses à s’intéresser en permanence aux nouvelles technologies, à réfléchir aux opportunités qu’elles ouvrent pour leur entreprise, ainsi qu’à celles qu’elles pourraient offrir et à leurs concurrents.
MSM Research: Internet of Things en Suisse. Étude, septembre 2025