Diversity / Flexibility
Une relation homosexuelle avec un enfant et une carrière - si cela est parfois trop "différent" pour la Suisse, c'est ce que Lea nous a révélé dans son interview.
Lea* travaille comme cadre moyen chez Swisscom. Sa partenaire dans une entreprise américaine - également au niveau du management. Les deux travaillent à 100%, viennent de l'étranger et sont récemment devenus parents. Relation homosexuelle avec enfant et carrière - si cela est parfois trop "différent" pour la Suisse, Lea nous l'a dit dans l'interview.
Pour être honnête : presque tout. Pour le premier enfant, on veut faire un bon travail et on ne sait pas encore très bien comment ce "bon travail" fonctionne.
Ce qui a certainement changé en premier, ce sont nos priorités. Avant la naissance, nous aimions voyager, aller au restaurant, au cinéma. Ce temps libre, c'est maintenant notre fille qui le prend.
Nous avons tous les deux travaillé à haut pourcentage et nous avons toujours aimé ça, nous avons aussi tous les deux un poste de direction. La partie travail est la partie de notre vie qui a le moins changé.
En revanche, nous sommes tous les deux devenus différents. Notre relation a changé, nous devons nous coordonner plus étroitement. Mais il y a aussi beaucoup plus de rire et de joie dans cette relation, pour ne pas seulement mentionner les défis, mais aussi les aspects positifs.
Je pensais que ce serait facile, mais honnêtement, je ne m'inquiétais pas trop ou ne réfléchissais pas trop à l'avance. Mais maintenant, je peux confirmer : La vie avec un bébé est comme tout le monde l'a dit - stricte. Et aussi différent qu'avant.
Dans notre cercle d'amis et de connaissances, c'est plutôt comme ça que les enfants sont gardés à plein temps à la crèche à partir de quatre mois. En outre, nous avons ici en Suisse romande des jardins d'enfants et des écoles à plein temps. Mais nous faisons les choses différemment de nos connaissances : Nous voulons que notre fille reste à la maison pendant un an, jusqu'à ce qu'elle puisse mieux communiquer et bouger.
Nous nous sommes réunis et avons réfléchi : Quelles sont nos options ? Quand notre fille doit-elle aller à la crèche ? Comment allons-nous faire ? Et puis nous avons commencé à calculer : Ma partenaire avait encore un surplus de vacances, moi j'ai reçu de Swisscom quatre semaines de congé de paternité ou, dans mon cas, de congé parental. En plus, j'ai pris d'autres vacances, ma partenaire en a pris aussi et pour le reste, nos parents ont aidé en voyageant à tour de rôle en Suisse - c'est comme ça qu'on s'en sort. De plus, j'ai encore deux mois de congé sabbatique à prendre, puis nos parents reviendront. Ils sont très heureux de pouvoir passer du temps avec notre fille et ils le font très bien, nous sommes alors toujours complètement déchargés.
Nous sommes en train de déterminer si nous travaillerons toujours à 100% lorsque notre fille ira à la crèche. Nous suivons le courant.
Parfois, nous ressentons l'attente que mon partenaire ou moi devrions réduire considérablement. Au lieu qu'on nous demande "Comment faites-vous ?", on entend plutôt : "Qui réduit la charge de travail, maintenant que l'enfant est là ? Il est apparemment évident que "on" doit réduire. Et dans les relations hétérosexuelles, c'est souvent la femme qui doit rester à la maison. Si cela convient à tout le monde, c'est merveilleux, et j'ai moi-même beaucoup de respect pour les traditions. Dans notre pays, la femme reste à la maison avec l'enfant pendant trois ans. Pour moi personnellement, il est important d'être ouvert et de le rester - et de ne pas avoir constamment des attentes envers les autres.
Tant Swisscom que l'employeur de ma partenaire ont été très généreux. Pour ma part, j'ai beaucoup d'options de la part de Swisscom - de plus de congé parental à plus de flexibilité dans les taux d'activité. Je peux m'arranger pour que cela convienne à moi et à ma famille. Chez l'employeur de ma partenaire, il n'y a pas autant de flexibilité - ils s'attendent à ce que tout le monde travaille à 100%. En revanche, elle a eu 18 semaines de congé de maternité et 16 semaines ( !) de congé de paternité sont proposées.
To be honest : Nous sommes tous les deux très reconnaissants, mais il y a toujours une marge de progression. Si nous n'avions pas nos parents comme soutien, il ne serait pas possible pour nous que notre fille reste à la maison la première année. La plupart des entreprises veillent à ce que les premiers mois soient couverts. Cependant, le congé parental, tant qu'il est aussi, ne suffit pas. Que se passe-t-il après les six premiers mois ? Ce n'est pas en soi la tâche des employeurs. Et pourtant, ils peuvent y apporter leur soutien. Il est en effet dans l'intérêt des entreprises que les parents soient déchargés et puissent se concentrer. Mais comme je l'ai dit : mon employeur est vraiment exemplaire dans ce domaine.
La réaction à notre égard est toujours : "Ah, comme c'est bien pour l'enfant, deux mères ! Les hommes homosexuels sont clairement désavantagés dans tout le processus. Il est bien sûr déjà plus difficile d'avoir un enfant d'un point de vue purement biologique. En plus, il y a plus de préjugés selon lesquels ils peuvent s'occuper et éduquer correctement l'enfant. Ce n'est évidemment pas vrai. Et pourtant, c'est (encore) le cas. Dans l'économie aussi : les hommes doivent se battre plus que les femmes pour obtenir un congé paternité plus long ou un temps partiel.
Dans notre relation, nous n'avons pas de modèles de rôles féminins et masculins bien établis. Comment nous assurons et assurerons l'égalité ? En regardant exactement quelle est la situation. Quelles sont les possibilités de chacun ? Que proposent nos employeurs ? Où en sommes-nous dans notre carrière ? Qui a intérêt à réduire son temps de travail ? Quelles sont les opportunités manquées si quelqu'un réduit, etc. ?
Bien sûr, il est financièrement logique que la personne qui gagne le moins réduise davantage, car l'impact sur le budget familial est moindre. Je recommande néanmoins de rester équitable. 50/50 est recommandé, sinon il y a un déséquilibre. Ce n'est pas nécessairement 50%, les deux peuvent travailler à 80% ou les deux à 70%. Au final, il faut simplement que cela convienne à chaque famille. C'est bien d'avoir la possibilité d'avoir différents modèles.
Dans notre entourage, tout le monde est une working mom. On me demande : comment faites-vous ? Qui reste à la maison ? On ne s'attend pas déjà à ce que ce soit la femme, puisque nous sommes toutes les deux des femmes.
La transition entre la dure journée de travail et ce qui se passe ensuite à la maison. J'ai besoin de quelques minutes pour m'aérer l'esprit.
Avant, je pouvais travailler tard le soir et le week-end si je n'avais pas fini. Cela n'a pas été possible pendant les premiers mois depuis l'arrivée de notre fille. Mais ma charge de travail et mes attentes envers moi-même n'ont pas changé, et je dois planifier ma journée plus efficacement.
Et les nuits... Notre fille dort si mal, elle se réveille jusqu'à huit fois. Nous nous répartissons les nuits, une nuit sur deux je m'en occupe.
Je n'ai actuellement aucun droit sur notre fille - je ne suis pas légalement son parent. Selon la loi suisse, je dois l'adopter et je ne peux le faire qu'après avoir vécu avec l'enfant pendant un an. Il y a ici une lacune dans la loi, ce qui comporte bien sûr des risques. S'il arrive quelque chose à ma partenaire ou si notre fille tombe malade et doit être hospitalisée - je n'ai aucun droit et cela rend aussi incertain.
Qu'elle prenne du plaisir dans cette vie et qu'elle la traverse avec un regard positif. Parce que la vie elle-même et la société sont parfois dures, avec toutes les guerres et les agressions, avec les droits de l'homme bafoués dans de nombreux endroits. Je souhaite à ma fille d'être capable d'apporter des changements grâce à ses compétences. Qu'elle soit courageuse pour faire bouger les choses.
*Le nom a été changé par la rédaction.
Cet article a été rédigé par Tadah(ouvre une nouvelle fenêtre).
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